
Pourtant, toucher un animal peut le condamner et la majorité des animaux en captivité sont maltraités. Les dérives sont nombreuses et les dégâts de certaines propositions touristiques ne sont plus à prouver. Faut-il renoncer au tourisme animalier ?
Alors que le tourisme durable s’impose peu à peu, l’écotourisme animalier commence lui aussi à faire parler de lui. Une nouvelle offre est en train d’émerger, portée par deux expertes du bien-être animal dans le tourisme, Justine Frédéric, fondatrice d’Aniwell Travel et consultante en écotourisme animalier, et Aurélie Orengo-Berthet, agente de voyage et depuis peu productrice.
En couplant leurs métiers, ces deux membres du collectif Digital Green Tourisme souhaitent faire grandir l’écotourisme animalier.
Une charte de l’écotourisme animalier
Pour le faire comprendre, Aurélie Orengo-Berthet s’appuie sur son métier d’agente de voyage. « Le vrai challenge, c’est de s’adresser à des gens qui n’en ont strictement rien à faire et qui à la fin ont une vraie révélation. C’est ce qui est le plus beau je trouve et l’agence traditionnelle permet d’aller à la rencontre de ces gens-là. Avoir une agence Selectour tout ce qui a de plus classique me permet de sensibiliser et de convertir à la fois les clients et les professionnels ».
Paradoxalement, ce sont surtout les pros qui sont moins informés et qu’il faut convaincre, mais en expliquant – et parfois, en montrant des vidéos et images chocs, les deux acolytes y arrivent.
Pour aider les professionnels du tourisme à s’engager dans cette voie, elles ont créé une charte de l’écotourisme animalier. Neuf points, qui abordent à la fois les conditions de capture et de captivité, les interactions avec les voyageurs, la sensibilisation, la communication et le rôle des populations locales et des associations.
« Nous avons aussi imaginé un flyer de prévention, ajoute Justine Frédéric, qu’on met à disposition des clients. On parle avec eux, et après on sensibilise jusque dans le carnet de voyage, et avec le flyer ».
La sécurité des voyageurs
Elles proposent des formations pour les pros et des séjours pour les voyageurs.
Au-delà de la lutte contre la maltraitance animale, la création de ce nouveau TO leur a aussi apporté de nouveaux arguments.
« En refaisant nos conditions générales de vente, justement par rapport à la notion de respect des animaux, on s’est rendu compte que cela allait de pair avec la sécurité des voyageurs, racontent-elles. Faire attention à la proximité avec les animaux, c’est pour eux, mais c’est aussi pour nous et la pandémie l’a bien montré, en mettant en avant la notion de zoonose.
La crise a mis l’accent sur la trop grande proximité entre l’humain et les animaux sauvages. L’écotourisme animalier permet une interaction améliorée, plus respectueuse pour eux et moins dangereuse pour le touriste, des animaux qui sont en meilleure santé et c’est un outil fort contre ces zoonoses. Cette partie, là aussi est un argument fort. C’est la sécurité du voyageur et c’est la sécurité de retour chez lui ».
Proposer des alternatives aux réceptifs
Il y a aussi le dialogue autour de la transformation des mœurs. « Il ne s’agit pas de dire : « c’est bien » ou « c’est mal », mais simplement d’expliquer que nous, en France, on ne fait pas ça et qu’on ne le fera pas à l’étranger non plus. Je respecte votre culture, mais ça n’est pas la culture des voyageurs français. Ça n’est pas parce que c’est une tradition qu’on doit cautionner. ».

Ou la chasse au trophée, à laquelle Aurélie Orengo-Berthet a été confrontée au Botswana.
« Sur place, ils chassent, puis ils mangent la viande et ne voient pas pourquoi ça nous pose un problème. J’explique que nous, en Europe, avons détruit notre environnement et que la faune est une richesse à protéger.
D’autant que, sans elle, plus de touristes. Je dis aussi que les clients français recherchent de plus en plus de durable et que ce sont autant de clients perdus ».
Mais surtout, elle propose toujours une alternative, avec des bénéfices concrets. « Telle chose, je ne veux plus le vendre. En revanche, telle autre, ce sanctuaire, c’est super, ça plaira plus à ma clientèle, et en plus c’est plus cher : nous y gagnons tous ».
Enfin, il y a simplement la question légale : en France, les entreprises doivent appliquer des objectifs RSE et des lois sur la protection animale : les agences ne pourront simplement pas acheter des séjours qui s’en éloignent.
Bientôt, une accréditation écotourisme animalier
L’idée : sensibiliser les voyageurs et inciter les professionnels. « Ce qui manque aujourd’hui dans tous les réseaux du tourisme durable, c’est cette partie autour de la préservation de la faune sauvage et de la biodiversité. C’est la raison pour laquelle on crée cette association ».
Une accréditation plutôt qu’un label, pour qu’il soit gratuit et accessible au plus grand nombre. Elle sera délivrée suite à une formation et des contrôles.
L’association proposera aussi des ateliers de sensibilisation en B2C, de la valise au retour, pour les voyageurs et les professionnels, « pour que tout le monde ait les mêmes bases et puisse avancer ensemble vers le meilleur ». Vivement.